De quoi parle-t-on ?
C’est une locution d’origine latine utilisée pour désigner l’intention à l’origine de la volonté de deux personnes (ou plus) de s’associer dans le capital d’une entreprise.
L’affectio societatis permet de distinguer l’entreprise d’un syndicat de copropriétaires, par exemple, ou d’autres formes de groupements, voir même des indivisions qui peuvent se former sans une volonté d’investir en commun et de partager les bénéfices ou les pertes de l’entreprise.
De même, l’affectio societatis distingue l’entreprise de l’association, qui est fondée sur l’idée que les membres d’une association poursuivent un but de solidarité culturelle, citoyenne, sportive, philosophique, intellectuelle, scientifique ou technique.
L’affectio societatis est jugée nécessaire à la formation du contrat de l’entreprise dont elle est le critère d’identification. Elle doit exister aussi longtemps que dure l’entreprise.
Nota Bene
La jurisprudence est partagée sur le point de savoir si la disparition de l’affectio societatis est suffisante pour motiver la dissolution de l’entreprise (cf. arrêt de la Chambre mixte du 16 décembre 2005). La mésentente existante entre les associés et par suite la disparition de l’affectio societatis ne constitue pas un juste motif de dissolution qu’à la condition de se traduire par une paralysie du fonctionnement de la société. Si les difficultés rencontrées ne sont pas jugées suffisamment graves pour paralyser le fonctionnement social, la demande doit être rejetée par le juge.
Pourquoi chercher à s’associer ?
Il ne faut pas se le cacher, s’associer c’est compliqué. Si on peut éviter et rester seul maître à bord, c’est toujours mieux.
Alors, pour quelles raisons des entrepreneurs s’associent-ils pour lancer une entreprise ? Voici les 4 principales raisons :
- Peur de la solitude : entre le moment où l’on décide de créer une entreprise et celui où elle fonctionne, il y a un long chemin parsemé d’embûches.
Pour certains, parcourir seuls ce chemin semble insurmontable. On s’imagine qu’à deux, ce sera plus facile. Effectivement, à plusieurs on peut se motiver mutuellement, s’encourager, trouver de nouvelles idées…
Mais il s’agit là du bonus de l’association. Cela ne peut pas être une des raisons principales. Si vous vous associez pour ne pas être seul, votre besoin est celui d’un soutien psychologique, d’un regard extérieur expérimenté tel un coach ou un entrepreneur aguerri… mais pas d’un associé !
- Devoir de loyauté, d’amitié : cela peut surprendre, c’est une réalité. La loyauté entre associés est effectivement essentielle, mais il ne faut pas s’associer par « devoir » ou pour être droit dans vos bottes. Prendre un associé mérite une réflexion approfondie.
Ainsi, embarquer dans votre projet la personne qui a eu une idée avec vous, un soir où vous refaisiez le monde, ça n’a franchement pas de sens.
Tout le monde peut avoir une bonne idée. Ce qui est difficile, ce qui mérite des parts, c’est l’exécution du projet.
Si vous vous sentez réellement redevable, peut-être serait-il plus raisonnable d’envisager une rémunération forfaitaire.
- Besoin de compétences : c’est l’une des raisons principales, souvent source d’erreurs.
Vous avez besoin d’un développeur pour monter l’application Web qui révolutionnera votre marché ? Alors vous foncez trouver le « techos » de vos rêves, celui qui fera décoller votre business.
Stop ! Demandez-vous d’abord si ces besoins (réels) méritent une association ? Un excellent salarié ne pourrait-il pas remplir cette tâche sans que vous ayez à vous défaire d’une partie des parts de votre entreprise ? Ou un prestataire ?
En outre, les besoins en compétences évoluent : ils ne sont pas les mêmes lorsque l’on en est à la phase de création de l’entreprise et lorsque celle-ci est effectivement lancée. Certaines compétences techniques indispensables au début finissent par prendre moins de place et inversement.
Avant de vous décider à chercher un associé qui comblera vos lacunes, assurez-vous que votre besoin d’association n’est pas ponctuel, qu’il n’est pas lié au démarrage mais que votre projet en a un réel besoin sur le long terme. Un associé, ce n’est pas seulement des compétences, c’est aussi une vision de l’entreprise et de son avenir. Un associé doit être moteur, faire preuve d’initiative, être force de proposition et participer à la conduite stratégique de votre projet d’entreprise.
- Besoin d’argent : s’associer permet d’avoir un capital plus important au démarrage. Cependant, avant de vous lancer tête baissée à la recherche d’un associé qui vous apportera le cash nécessaire pour lancer votre projet, demandez- vous si le jeu en vaut la chandelle.
Les banques peuvent parfaitement vous prêter de l’argent. C’est même leur raison d’être première. Alors, pourquoi ne pas tenter cette option ? Cela vous éviterait de devoir céder des parts et vous resteriez ainsi le seul maître à bord.
A vous de jouer !
Pour vous assurer que l’association est indispensable, vérifiez l’ensemble des points suivants :

Si vous obtenez une majorité de « non », alors envisagez de créer votre entreprise seul(e).
Si vous obtenez une majorité de « oui », alors vous pouvez penser à vous associer… cependant, n’oubliez pas de vous poser ces deux questions finales :
- Êtes-vous prêt à partager les parts ?
Qui dit association, dit partage des parts. Il n’est pas évident d’accepter de se déposséder d’une partie de son entreprise. Avant d’aller plus loin, demandez-vous si vous êtes capable de « partager le gâteau » ?
- Votre caractère est-il compatible avec l’association ?
S’associer signifie être en mesure de construire des compromis. Êtes-vous prêt à prendre en compte l’avis de votre associé ? Acceptez-vous d’être contredit ? Acceptez-vous de partager les prises de décision ? Acceptez-vous de partager les responsabilités ? Êtes-vous prêt à faire confiance à votre associé ? Êtes-vous prêt à rendre des comptes ?